Devinette de noël...
Avancer. Ne pas se faire repérer. Surtout ne pas réveiller la famille. Tout le monde dort à cette heure-ci. Il est minuit passé. Quoi de plus normal ?
Entrer par effraction ? En quelque sorte. Il y est habitué. Ce n’est ni la première fois, ni même la dernière, qu’il le fait. Il sait parfaitement comment procéder. Il sait parfaitement opérer en toute discrétion.
La porte s’ouvre délicatement. A l’intérieur, il fait chaud. Le chauffage fonctionne encore à fond dans le salon. Sans doute un oubli. Encore une famille qui a trop bu la veille. C’est souvent le cas un soir de réveillon de Noël. Pas très bon pour la planète, mais pour lui c’est plutôt une bonne nouvelle. Les gens dorment profondément et ne font pas attention à sa présence.
Il avance minutieusement, sur la pointe des pieds. Ses pas sont aussi légers que la neige qui tombe à l’extérieur. Il n’est qu’un flocon, une brise, un souffle. Rien d’autre.
Sur ses larges épaules, le sac qu’il transporte tangue légèrement, de gauche à droite, puis de droite à gauche. Il heurte quelque chose. C’est un arbre, le fameux sapin de noël, fièrement érigé près du canapé du séjour.
Il n’est pas beaucoup décoré. Juste ce qu’il faut. Un peu de rouge par-ci, un peu de vert par là. Il y a des boules, et des pommes de pins disséminées un peu partout. Les guirlandes entourent le tout, et camouflent une vérité terrible : Le sapin est en train de mourir. Le message est clair. Bientôt, les fêtes s’achèveront, et une nouvelle année démarrera.
Mais pas le temps d’y songer davantage. Le temps file, et il n’est pas venu pour contempler un arbre, aussi beau soit-il.
Il s’acquitte de sa tâche à la vitesse d’un homme habitué à la chose. Rapide et efficace. Un éclair dans la nuit, qui repart comme il est arrivé. Vite, et sans un bruit.
Il est l’homme qu’on ne voit jamais, mais que tout le monde connait.
Il est l’homme qui s’introduit en douce chez vous, une fois par an.
Il est l’homme au visage familier, amical, qui apporte le bonheur dans sa hotte.
Il est le Père Noël.