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Conte de Noel...

17 Décembre 1984


Île de France – Une jolie maison où vivent un charmant couple, Michèle et Nathan Duval, ainsi que leurs deux enfants, Claire et David, 6 et 8 ans…

Claire referme la porte de sa chambre tout en réfléchissant. A six ans, c’est une petite fille rêveuse, souvent plongée dans ses pensées. Sa maman n’était pas vraiment surprise par son calme en allant la chercher à l’école. Mais il faut reconnaître que David retenait toute l’attention : il venait de remporter une partie de foot et narrait ses exploits avec enthousiasme.

En entrant dans la maison chaude et douillette, Michèle leur avait donné leur goûter avant de les envoyer faire leurs devoirs. Elle avait pourtant arrêté sa petite fille juste avant qu’elle ne quitte la pièce, d’une caresse sur ses longs cheveux bruns :

- Tout va bien, ma puce ?

- Ca va.

Et elle s’était sauvée dans sa chambre, craignant que sa Maman n’insiste trop et ne sache ce qui la contrariait tant : aujourd’hui elle avait appris une chose terrible. Quelque chose qui avait fait voler en éclats tout ce en quoi elle croyait : le père noël…

… Il n’existe pas ??

Claire ravale ses larmes. Elle se laisse tomber sur son lit. Ses copines ont été formelles : ce sont les parents qui mettent les cadeaux sous le sapin.

Les clémentines, le dessin qu’elle laisse toujours à l’intention du père Noel…

L’attente, blottie dans son lit, pensant que le Dieu de tous les petits enfants du monde va déposer au pied du sapin tous ces jouets merveilleux qu’elle rêve…


La magie tout simplement. Envolée.

Tout n’est que mensonge.


Le joli visage de Claire se crispe. Cette réalité sous-entend d’horribles choses ! Papa et Maman qui mentent, toute la famille même en vérité ! Et David ? Est-il seulement au courant ?

Elle bondit sur ses pieds, et court dans la chambre de son grand frère. Celui-ci la houspille dès qu’elle passe le seuil de sa porte : allongé sur son lit en train de lire une énième fois son livre préféré, le club des cinq en vacances, elle le dérange visiblement :

- Claire ! Je t’ai déjà dit de cogner !

Sans se laisser démonter, la petite fille rejoint son frère sur le lit et demande sans préambule :

- David, est ce que tu sais la vérité sur le père noël ?

D’agacé, le visage de son frère prend une expression narquoise :

- Ca y est ? Tu as enfin cessé d’être un bébé ?

Les grands yeux verts de Claire se remplissent de larmes : c’est pire que tout. Non seulement David est au courant, mais il se moque d’elle :

- Pourquoi tu dis ça ?

- A toi de me dire. Tu as entendu quoi sur le père Noel ?

Son frère a l’air méfiant : sur le fond il doit avoir peur de se faire disputer s’il brise le mythe de Noel. Elle baisse la tête et lâche avec tristesse :

- Le père Noel. Il n’existe pas…

Claire n’ose plus lever les yeux, et est donc surprise quand elle sent la main de son frère se poser sur son épaule :

- Allez ne pleure pas, microbe. Tu auras quand même tes cadeaux.

Claire lève la tête et essuie une larme sur sa joue potelée :

- Ne dis pas à Papa et Maman que je sais.

- Ah bon ? Pourquoi ? On pourra arrêter tout ce cirque.

L’expression de Claire se durcit :

- Parce qu’ils ont menti, alors je veux les embêter aussi.

David ricane :

- Tu veux faire quoi ? Arrêter de leur faire des dessins ?

- Tu verras bien.

- Allez, raconte !

Claire prend une expression de défi :

- Je surprendrai Papa et Maman quand ils mettront mes cadeaux sous le sapin et ils seront bien bêtes ! Tu verras !

A ces mots David s’adosse à sa tête de lit, et reprend son livre :

- Tu parles. Tu dormiras depuis longtemps quand ils s’en occuperont.

Juste avant de sortir de la pièce, Claire relève la tête et se retourne une dernière fois :

- On verra bien !


24 décembre – 23h58.


Claire lutte pour ne pas dormir. C’est dur. Ses paupières sont lourdes… Mais elle ne lâchera pas. Elle veut que Papa et Maman se sentent aussi malheureux qu’elle depuis qu’elle a compris que les grands aussi savent mentir.

Le réveillon a été festif, mais la vraie fête aura lieu demain quand ils iront tous les 4 chez Papi et Mamie. Claire s’est forcée à avoir l’air joyeuse, mais elle a du mal à dépasser sa déception. Pourtant l’idée de ses cadeaux tant rêvés, le camping-car grand luxe de Barbie et Ken superstar, devraient la ravir… et en un sens elle l’est. Mais en même temps la déception est profonde.

Elle aimait tant le père Noel.

Elle ne sait pas trop comment elle va pouvoir deviner le moment où ses parents « joueront » au père noël, et elle est donc attentive aux bruits de la maison et fait confiance à son instinct.

Elle est sur le point de s’endormir quand elle entend les pas légers de sa mère dans l’escalier : son père n’est pas encore monté : il est donc toujours en bas, surement occupé à briser les rêves de noël de sa petite fille.

Sans hésiter, elle saute au bas de son lit et pose son oreille contre le mur : sa mère passe dans le couloir et referme la porte de sa chambre.

La petite fille sort silencieusement dans le couloir obscur : seule la lumière du rez de chaussée éclaire faiblement le bas de l’escalier.

Le petit cœur de Claire bat fort dans sa poitrine : elle joue les braves, mais dans le fond elle regrette presque ce qu’elle s’apprête à faire : elle aurait pu choisir de ne pas confronter ses parents à leur mensonge, et croire une année encore à la féérie de noël…

Elle reviendrait bien sur ses pas, mais elle est arrivée à la moitié de l’escalier et la cuisine apparait devant elle. Elle veut être courageuse.

Elle déglutit difficilement, et finit par se dire qu’il faut qu’elle y aille. Arrivée dans la cuisine, elle se dirige devant la porte qui marque l’entrée du salon. Sa main se fige sur la poignée, et elle hésite une dernière fois. A l’instant où elle va abaisser la poignée, elle entend des paquets tomber au sol, suivi d’un juron. Soudain gonflée d’importance, sa peur la quitte instantanément et elle pousse la porte avec brusquerie.

Tous les mots de reproches qu’elle allait adresser à son père se bloquent dans sa gorge et elle ouvre des yeux si grands qu’elle ne sait plus s’ils pourront un jour retrouver leur taille normale : devant le beau sapin de deux mètres, éclairé par les mille lumières qui clignotent dans l’arbre, un homme habillé de rouge s’affaire à déposer plusieurs cadeaux plus beaux les uns que les autres.

Figée, Claire n’ose plus bouger un muscle : c’est impossible !

Son entrée n’a pas été discrète, et le père noël se retourne. Claire le fixe avec une terreur de plus en plus forte. Elle a envie d’hurler, mais à l’instant où elle ouvre sa bouche, l’homme sourit :

- Et bien petite Claire ? Ne devrais-tu pas être couchée à cette heure-ci ?

La voix est grave, et ne lui évoque absolument pas celle de son père. Malgré sa terreur, elle avance de deux pas, et balbutie :

- Papa… c’est toi ?

Les yeux de l’homme de rétrécissent : le visage recouvert de son épaisse barbe blanche, on ne peut que deviner son immense sourire :

- Pourquoi serait-ce ton Papa, petite Claire ?

- Parce que… tu n’existes pas ! Ce sont mes copines qui me l’ont dit.

- Ah bon ? Et tu les as crues ?

- Bah oui… Et puis David aussi sait que le père noël, il n’existe pas.

Claire maîtrise son émotion : elle a soudain une terrible envie de pleurer et de monter se cacher dans son lit : cet homme lui fait peur. Il a beau être habillé de rouge, et apporter des cadeaux, elle le trouve impressionnant.

Le père noël semble comprendre sa peur, et il recule d’un pas. Il saisit un immense sac rouge posé près de l’entrée, et lance enfin avec bonne humeur :

- Je vais te donner un simple conseil, petite Claire : ne crois jamais ce que les gens te disent. La seule chose que tu dois écouter, c’est ton cœur. Que te dit-il en ce moment ?

La petite fille éloigne ses peurs, et écoute son plus cher désir. Elle répond spontanément :

- Que tu existes. Je te vois en plus !

- Très bonne réponse. Même si tu n’aurais pas dû avoir besoin de me voir pour le savoir. D’ailleurs ne dis pas à tes amies que j’existe… Elles doivent y croire d’elles-mêmes ! Allez, petite Claire, va te coucher.

Elle hésite : elle a envie d’aller se blottir dans son lit, et brûle également de poser mille questions au père Noel. C’est lui qui tranche pour elle :

- J’ai encore tant de maisons à visiter. File dans ton lit et passe un joyeux noël…

Sur ces mots, il lui envoie un petit baiser du bout des doigts, et ouvre la porte d’entrée. La refermant avec soin derrière lui, Claire n’attend pas longtemps pour se décider à traverser la pièce : elle fonce sur la porte d’entrée, qu’elle ouvre à la volée :

La nuit est silencieuse, mille étoiles brillent dans le ciel, mais la rue est vide.

Plus personne.



Claire n’a d’autre choix que de retourner à l’étage, l’esprit complètement perdu. Le sentiment qui prédomine sur tous les autres est le choc : il est impossible qu’elle ait vraiment vu le père Noel.

Il ne pouvait s’agir que de son père ?!

Souhaitant en avoir le cœur net, elle ne se dirige pas vers sa chambre, mais pousse jusqu’à celle de ses parents : souhaitant surprendre sa mère, qui sera forcément seule au lit.

Arrivée devant la porte de leur chambre, elle hésite pourtant : ce père noël, il avait les yeux marrons.

Son papa a les yeux verts.

En réalisant l’implication de ce détail, Claire retourne en courant se cacher dans son lit…

Elle a vraiment rencontré le père Noel !



Pour ceux qui ne veulent pas rester sur cette note magique… Les cartésiens…



Claire attendra deux ans pour savoir ce qu’il s’est vraiment passé cette nuit-là…


Son grand frère, dans l’espoir de ne plus devoir jouer la comédie, avait fini par aller dire à ses parents que sa petite sœur ne croyait plus au père Noel, et qu’elle allait les surprendre le soir de noël.

Idée que ses parents avaient trouvée très triste. Mais autant Michèle s’était résignée, autant Nathan se doutait de la terrible déception de sa petite fille.

Il avait donc eu cette idée…

Il fallait pousser la magie à son paroxysme : il avait demandé à leur voisin et ami de se déguiser et de jouer le jeu. Lorsque Claire était descendue, Nathan s’était caché, et il avait pu assister à cette scène incroyable du regard de sa petite fille qui retrouvait sa magie.

Poussant la prévenance jusqu’à éviter à son enfant d’être ridicule à l’école : garder le secret sur cette rencontre un peu particulière…


Claire n’a jamais oublié cette nuit de noël un peu particulière… même si elle ne la confiera à ses amis, et famille que très longtemps après, lors d’un voyage au Mexique.

Mais ceci est une autre histoire, que vous retrouverez dans Au crépuscule des Rêves...

EN ATTENDANT :

TRÈS JOYEUX NOEL ! ET SURTOUT….

PERSONNE N’A JAMAIS PROUVE QUE LE PERE NOEL N’EXISTAIT PAS ;)

BEAUCOUP DE MAGIE A TOUS...

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